JOUR TRANQUILLE À VÉZELAY

Une seule journée, on est en juin, à Vézelay, vœu de tous les touristes, et une dizaine de personnages s’entendent à se croiser, passent par le même cimetière, frôlent les mêmes pierres, s’interrogent tout doucement sur leur passé, sur leur avenir. Selon une logique imparable, chaque individu est très limité dans le nombre de rencontres vraies et durables qu’il pourra enregistrer sur une vie. L’art de Gardette est de nous faire croire que tout est possible et qu’il y a des impondérables, des situations aléatoires et tout le mystère avec.

 

Jour tranquille à Vézelay est une belle mécanique stylée de rencontres insolites dans un cadre d’été. Ce disciple d’Echenoz et de Toussaint aime jouer avec les possibilités narratives mais surtout une langue précise, très soignée, tient registre des secousses, des sensations, des sursauts d’émois et d’humeurs. Si une narration narquoise relate faits et gestes, l’humour n’est jamais loin ni le sarcasme ni l’âpre analyse psychologique.

 

Le lecteur est tenu de prendre quelque distance avec ce qui se joue sous ses yeux. Parmi les personnages, sans doute certains seront plus proches ; partagerons-nous les questions que se pose Laurence sur sa relation avec Philippe ou nous mettrons-nous, sac à dos, comme Paul, à randonner au travers de Vézelay ? Anna a retrouvé vingt ans après son amour de jeunesse Olivier. David et Lisa : rencontre ou faux départ ? N’oublions pas ces deux pérégrines de l’ordinaire, Océane et Manon, toutes prêtes à dénoncer par petits papiers distribués la « cause animale en danger »…

 

Passent dans la fiction – estampillée à plus d’une reprise comme telle – de subtiles références littéraires et artistiques (Jules Roy, Balthus, Désert des Tartares, Harpignies…).

 

La langue, grand atout de ce livre, sert une histoire qui comme la mélancolie boucle ce qui fut ouvert à l’entame :

 

« Chaleur méridienne, lumières longues, clochettes orangées des bignones accrochées au vieux mur du jardin de Laurence, douceur des soirs – quand l’été s’installe ainsi, Philippe ne peut concevoir que l’hiver existe en ces lieux »… (p.58).

 

D’hypothèse en description assurée du monde de Vézelay, Gardette se garde bien d’infléchir dans l’un ou l’autre sens le flux de sa fiction et de son imagination ; le grand réalisme des notations joue le rôle de l’indécidable, niche étonnante pour le lecteur qui croit, veut croire, s’embue de doutes, et clôt l’aventure en se disant qu’on l’a bien mené par le nez, signe imparable du grand talent.

 

 

JOUR TRANQUILLE À VÉZELAY

La Cause Littéraire, Gilles Banderier, 18/11/2019

La devise informelle de l’ordre cartusien le proclame non sans une pointe de fierté : Stat crux dum volvitur orbis : La croix demeure immobile tandis que le monde tourne. Encore la traduction française rend-elle mal, comme c’est souvent le cas, la concision du latin et ses harmoniques propres (le verbe volvere se retrouve dans nos révolutions, au sens astronomique ou politique). Cette formule pourrait figurer en épigraphe du Jour tranquille à Vézelay. La basilique qui abrite une relique de sainte Marie-Madeleine – ou Marie de Magdala – se dresse sur sa colline, battue par les vents de l’Histoire. Elle figure « sur la courte liste des lieux où souffle l’esprit » (p.55). La croisade y fut prêchée, mais pas seulement : Romain Rolland vécut dans le village et Georges Bataille repose dans le cimetière. Jim Harrison vint non loin de Vézelay faire un repas digne de figurer dans les fastes de la gastronomie française, désormais pièce de musée. La colline immuable voit chaque jour ou presque passer son lot de pèlerins et, surtout, de touristes – concession à la modernité sécularisée. Parmi eux, combien sont capables de comprendre l’endroit où ils se trouvent, ce qui s’y est joué et peut-être s’y joue encore ? En un jour et même en une heure, des « vies minuscules » s’y croisent puis s’éloignent à jamais. À l’aune des siècles, même les couples qui durent – et ils durent de moins en moins, comme tout le reste – ne représentent pas grand-chose.

Le récit de Xavier Gardette met en scène cette danse des corpuscules, ce mouvement brownien de l’humanité. Jour tranquille à Vézelay est trop long pour être une nouvelle, mais trop bref pour être qualifié de roman, même s’il en possède l’ampleur panoramique et la qualité de vision. On le définirait bien en parlant de novela, forme illustrée par Harrison, même si le récit de Xavier Gardette s’inscrit surtout avec talent dans la tradition française de l’analyse psychologique et de la belle écriture.

 

JOUR TRANQUILLE À VÉZELAY

« L’auteur, tel ce promeneur solitaire, a le charme de l’observateur calme et discret, qui perçoit les moindres détails de la végétation, des pierres, attentif surtout aux couples qu’il invente, ce qu’il perçoit de leur relation ; regards ou brèves paroles échangés, hésitations, rencontres éphémères, celles qui auraient pu se faire mais ne se font pas. Sous la légèreté d’une vision impressionniste transparaît de l’humour, une certaine cruauté aussi. La poésie de l’écriture est à l’image d’une douce journée où se frôlent sur la colline de Vézelay des êtres et des destins. La vie, avec ce qu’elle a de sublime, de fragile, de hasards heureux ou tragiques ?»

 

TOCQUEVILLE À LA PLAGE

Dans la presse

 

Tocqueville à la plage de Xavier Gardette, c’est l’histoire d’un couple, d’un vieux couple aimant, Sylvie et Olivier. Un couple, qui passe des vacances protégées dans un ghetto de villas blanches, non loin de l’océan, sur la côte vendéenne. Sylvie en a décidé ainsi, elle décide à peu près tout et Olivier se laisse guider…

 

              - Le Monde des Livres, 21 janvier 2016,

              Astrid Landon

              - Unidivers.fr, le magazine culturel de

              Rennes et de Bretagne, le 18 janvier 2016,

              Laurence Biava

              - le Populaire Centre France

 

CENT JOURS APRÈS LA FLORAISON DES LYS

Dans la presse

 

« Patricia, j’aurais aimé avoir votre talent pour parler de cet ouvrage signé Xavier Gardette, Cent jours après la floraison des lys. Ce livre m’a été offert par l’éditeur, qui est la Chambre d’échos. C’est tout simplement l’histoire d’un homme qui revient dans le village de ses aïeux et qui décrit la campagne avoisinante, qui parle des travaux qu’il va engager sur sa propriété, qui parle d’une camionnette blanche qui va et vient – elle est un petit peu bizarre, y aurait-il des cambrioleurs – tout ça c’est fabuleux, c’est joliment écrit, la description de la campagne est faite avec un talent – mais, inouï, j’ai pris un plaisir à lire ce livre, vous n’avez pas idée. C’est véritablement un petit bijou. C’est Xavier Gardette qui a écrit Cent jours après la floraison des lys aux éditions La Chambre d’échos. Je ne parle jamais de romans, mais là vraiment, c’est sublime. »

 

 - Écouter : Alain Baraton, La main verte, dans le 7-9 du week-end (Patricia Martin et Fabrice Drouelle). France Inter, le samedi 16 novembre 2013

 

             Lire : Le Matricule des Anges,

              n°147, octobre 2013

 

Xavier Gardette